CDHR : un nouveau tournant fiscal pour les hauts revenus

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Instaurée en 2025, la Contribution Différentielle sur les Hauts Revenus (CDHR) introduit une surcouche fiscale inédite. Derrière ses mécanismes complexes, elle bouleverse l’équilibre du PFU et de la CEHR et fait émerger de nouveaux points de vigilance, notamment pour les contribuables investissant via le PER.

Une mécanique en « top-up » qui redessine la fiscalité du capital
Depuis le 1er janvier 2025, la CDHR vient compléter l’impôt sur le revenu et la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus (CEHR). Son principe : garantir un taux effectif d’imposition d’au moins 20 % sur le revenu fiscal de référence retraité. Autrement dit, si les prélèvements classiques (barème de l’IR + CEHR) ne suffisent pas à atteindre ce plancher, la CDHR vient combler la différence.
 

Concrètement, le seuil de déclenchement est fixé à 250 000 euros de revenu fiscal de référence ajusté pour une personne seule et 500 000 euros pour un couple soumis à imposition commune. Les revenus mobiliers sont particulièrement concernés. Car un contribuable qui se contente du PFU (12,8 %), majoré des prélèvements sociaux (17,2 %) et éventuellement de la CEHR (4 %), peut rester en-deçà du plancher de 20 %. Résultat : un « top-up » qui porte l’imposition marginale effective à 37,2 % (12,8 % IR + 4 % CEHR + 3,2 % CDHR + 17,2 % prélèvements sociaux).
 

Ce mécanisme, en apparence technique, a une portée politique claire : s’assurer que les hauts revenus supportent un niveau minimal de contribution, même en privilégiant la flat tax sur leurs revenus financiers.

Déclarations, acomptes et pièges patrimoniaux : la vigilance s’impose
L’administration a prévu un calendrier strict : 15 octobre 2025, information des contribuables concernés ; 15 novembre, mise à disposition d’un simulateur ; et surtout, entre le 1er et le 15 décembre, une déclaration spécifique et le versement d’un acompte représentant environ 95 % de la contribution estimée. Le tout doit être réalisé en ligne via l’espace fiscal personnel, onglet « Gérer mon prélèvement à la source ». En cas de retard ou de minoration volontaire, la sanction est lourde : une majoration de 20 %, à laquelle s’ajoutent intérêts de retard et frais. Le solde, lui, sera régularisé avec la déclaration de revenus en mai-juin 2026.
 

Au-delà de cette procédure, les conseillers patrimoniaux insistent sur un effet collatéral méconnu : les versements sur un PER peuvent paradoxalement déclencher la CDHR. Pourquoi ? Parce qu’en réduisant l’impôt sur le revenu au barème grâce à la déductibilité des versements, l’écart entre l’impôt réellement payé et le plancher de 20 % s’élargit… ce qui accroît mécaniquement la contribution différentielle. Un exemple figurant dans les simulations administratives le montre : un contribuable avec 150 000 € taxés au barème et 150 000 € soumis au PFU n’a intérêt à ne déduire que 15 679 € sur son PER. Au-delà, la déduction fiscale devient contre-productive car elle déclenche ou alourdit la CDHR.
 

Cet effet pervers illustre bien l’esprit de la réforme : la CDHR ne se contente pas de frapper les très hauts revenus ; elle modifie aussi la manière dont certains produits d’épargne-retraite doivent être utilisés pour optimiser la charge fiscale.

Un nouvel équilibre fiscal à apprivoiser
Pour les hauts revenus, l’arrivée de cette contribution marque un véritable changement de paradigme. Là où le PFU offrait jusqu’ici une prévisibilité et une relative neutralité, la CDHR introduit une incertitude nouvelle, dépendante du revenu global et de l’usage d’autres niches fiscales. Les contribuables doivent désormais piloter avec finesse la combinaison entre dividendes, revenus du travail, versements déductibles et plus-values, sous peine de se retrouver avec une contribution additionnelle inattendue en fin d’année.
 

Au-delà du cas individuel, c’est la lisibilité du système fiscal français qui s’en trouve encore complexifiée. IR progressif, PFU, CEHR, prélèvements sociaux… et désormais CDHR : le millefeuille fiscal s’épaissit. Une chose est sûre : les mois de novembre et décembre 2025 seront scrutés de près par les fiscalistes, les family offices et les banques privées pour calibrer au plus juste les acomptes de leurs clients fortunés.
 

Sources : Loi de finances 2025, notice DGFiP du 1er octobre 2025, calendrier officiel des déclarations, simulations chiffrées Banque Richelieu France.